Cantius a écrit:On a beaucoup parlé ici des améliorations à apporter sur nos armes, et de leurs effets potentiels, ainsi que de leur interêt…
Je viens de remettre la main sur un article du « Shooting Times » de juin 1992 qui devrait apporter les réponses au sujet qui nous préoccupe.
Ceci est un résumé de cet article, les conclusions sont personnelles…
Les « trucs » pour la précision des armes à verrou :
L’article parle des modifications apportées à 5 carabines de série, dans le but d’améliorer leur précision, et quantifie cette amélioration.
Les carabines utilisées sont :
- Remington Sportsman 78 en .223 Rem.
- Ruger 77 Varmint en .220 Swift
- Remington 700 Mountain en .257 Roberts
- Winchester 70 Featherweight en .270 WCF
- Remington 700 Mountain en .280 Rem.
Voici les 5 « trucs » :
1. Rôder les tenons de verrouillage :
Après vérification des portées de tenons de verrouillages des carabines, les résultats sont les suivants :
- Rem. Sportsman 78 : un tenon portait à 20%, l’autre pas du tout,
- Rem. 700 .280 et .257 : 30% de contact pour un tenon, 10% pour l’autre,
- Ruger 77 : 40% pour un tenon, pas de contact pour l’autre,
- Winchester 70 : 30% pour un tenon, 20% pour l’autre.
Le rodage effectué à la main à l’aide de pâtes à roder de grains différents, ce qui peut prendre jusqu’à une demi-journée, permet d’obtenir des portées uniformes sur toute la surface des tenons.
2. « Pillar Bedding » :
Le montage à bois des 5 boîtiers à été amélioré par un bedding résine, et l’adjonction de « piliers » en alu autour des vis d’assemblage avant-arrière (sauf sur la Ruger du fait de la vis avant oblique)
Les « piliers » ont pour fonction d’assurer un serrage métal-métal et d’éviter l’écrasement du bois lors de l’assemblage boîtier/sous-garde, afin de garantir un serrage constant et d’éviter toute tension sur ces organes.
Les vis de montage ont été remplacées par des vis à tête « allen ».
Le « Bedding » résine intégral du boîtier assure quand à lui son positionnement dans son logement, les portées sont parfaites et solides grâce au moulage en résine.
3 . Montage flottant : bon ou mauvais ?
Le tenon de recul du boîtier doit être parfaitement ajusté dans son logement, ce qui est accompli dans ce cas à l’aide du « bedding » évoqué plus haut.
Le levier d’armement pour sa part ne doit surtout pas porter contre le bois, ce qui pourrait perturber la précision, mais aussi briser la crosse…
Le canon quand à lui peut être monté soit flottant, soit en contact avec le fût.
Les canons mi-lourds à lourd, presque cylindriques, tirent mieux lorsqu’ils sont montés flottants.
Par contre les canons en forme de « poire » (profil chasse, légers) nescessitent un point de portée plus ou moins important vers l’extrémité du fût.
Pour essai, les canons « chasse » ont été rendus flottant sur les carabines testées.
Le résultat n’a pas été probant, la précision à même été détériorée…de même la création d’un point de contact vers l’extrémité du fût n’a pas amélioré grand chose…mais quand un « bedding » intégral à été appliqué à ces canons, la précision s’est enfin améliorée….
4. Rectification de la bouche du canon
Les bouches des canons ont toutes été retaillées avec un angle de 14° au tour, et finies à la main à l’aide d’une « bille » de laiton enduite de pâte abrasive fine.
Les canons ont été soigneusement désencuivrés.
5. Amélioration de la détente :
Les détentes ont été réglées afin d’obtenir les meilleurs départs, nets et légers, sur les Remington et la Winchester, et remplacée par une Canjar sur la Ruger.
Résultats des tests :
Les tests ont été pratiqués en utilisant des munitions rechargées, 4 charges pour la .223, 7 pour la .220, 10 pour la .257, 7 pour la .270, 9 pour la .280…
Les groupements ont été mesurés avant et après modification, sur 5x5 coups à 100 yards avec la .223 et la .220, 5x3 coups avec la .270 et .280, et 3 à 5x3 coups avec la .257…
Il faut noter que pour les 2 Remington 700 Mountain, 2 charges pour chaque arme donnait un meilleur résultat avant modifications…
L’amélioration à été mesurée et quantifiée en fonction du diamètre des groupements avant et après les travaux.
L’amélioration moyenne à été constatée ainsi :
- Ruger 77 Varmint .220 Swift : 40%
- Remington 78 .223 : 38 %
- Winchester 70 .270 : 19%
- Remington 700 .257 : 18%
- Remington 700 .280 : 16%
Quelles conclusions en tirer ?
Sur 2 modèles, l’amélioration du groupement est significative, avec une réduction de la taille des groupements de 38 à 40 %…
Par contre pour les autres, l’amélioration se situe entre 16 et 19%…soit assez marginale.
Pour la Remington 700 Mountain en .257, avec 2 charges la précision n’a pas changé du tout, les groupements étaient les mêmes avant et après…
Pour la Remington 700 Mountain en .280, avec la munition d’usine Remington 140 gr PSN l’arme tirait moins bien après les modifications…le groupement passant de 1.26 pouces à 1.53 pouces, soit une dégradation de 21% !
Ces modifications améliorent donc la précision des carabines, dans des proportions variables d’une arme à l’autre.
Dans la plupart des cas, l’amélioration est marginale, surtout pour un usage « chasse », par rapport à l’ampleur des travaux effectués…
Dans un cas, la carabine tire moins bien la munition manufacturée après modifications…
Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Si la précision de votre carabine est satisfaisante, pas besoin de s’engager dans des travaux lourds et coûteux, aux résultats aléatoires…
Une précision inférieure à 5cm à 100m est suffisante dans la plupart des chasses pratiquées chez nous, en dessous de 3cm à 100m la précision est excellente…
Avant de commencer de tels travaux, il serait préférable de tester différentes munitions afin de connaître le potentiel de précision de votre arme…
Si vous ne trouvez pas votre bonheur à la fin de ces essais, il vous reste toujours la possibilité d’effectuer ces modifications sur votre arme…