Je tiens à préciser avant tout que tout ce qui suit relate de mon expérience de près de 20 ans dans le domaine du rechargement des étuis Berdan (à l'époque le schmidt rubin 1889 était en 1ere categorie, et d'ici peu comme dans la chanson, les moins de 20 ans ne pourront (je n'espère) pas connaitre... Il m'a semblé important de rassembler les bases afin de partager avec le plus grand nombre de personnes mon expérience dans ce domaine. Toute critique (constructive) sera la bienvenue, car j'ai lu des choses, vous ne pouvez pas imaginer (ou pire encore, vous le pouvez...)
Pourquoi recharger les GP11 ?
- Du fait que ce sont des étuis d'une qualité exceptionnelle
- Du fait de pouvoir faire une variété de rechargements avec diverses ogives et poudres, parfois un peu plus "soft" que la GP11 d'origine. La longueur des stands en France ne nécessite souvent pas une balle "plein pot"
- Pour recharger la GP90 tirés dans les modèles pré 1900, car aucune munition manufacturée existe dans ce domaine
- LE POINT LE PLUS IMPORTANT ENFIN (POUR MOI) : FAIRE DU TIR REDUIT
En effet, je n'ai jamais pu reproduire les performances du tir réduit à 50 et 100m avec des étuis boxer. L'inflammation de la poudre est bien plus régulière sur un étui berdan
1er Point L'ETUI
Bon nombre d'étuis de GP11 peuvent être récupérés aujourd'hui. D'après mon savoir cependant, ceux qui ont été tirés dans dans des armes automatiques (souvent avec des collets ou épaulements enfoncés) présentent le désavantage d'avoir des durées de vie moins longues dans le rechargement que les étuis tirés dans des fusils ou carabines 1897, 1911 ou 1931. Cela est dû aux chocs sur les étuis dans la phase "chaude" qui détériore immanquablement la structure de celui ci.
2eme Point Le désamorçage
Un bon nombre de méthodes peuvent être utilisées, mais je pense que seul le désamorçage hydraulique avec une pression à l'intérieur et extérieur de l'étui permet de faire travailler l'étui le moins possible pendant cette phase. De plus, le système de pince abime très souvent l'enclume et les bords de culots. Ayant utilisé ce procédé, je n'ai aucun doute sur le fait que celà réduit la durée de vie des étui, et même des extracteurs de nos chers schmidt rubin. Pour moi un étui est un investissement car je recharge très souvent ceux ci une quinzaine de fois (voire plus pour le tir réduit). Un étui commençant à apporter un maximum de régularité au bout de 3 tirs en moyenne (avec un minimum de reformage par après), rien ne me fait plus braire que de devoir en changer, ceci n'étant pas une une question de coût, mais de régularité.
3eme point Le logement d'amorce
Bon nombre de rechargeurs pensent que c'est une des faiblesse de ce type d'étuis, voire une faute à rejeter sur les amorces par après. Le logement peut se nettoyer avec un outil de fabrication maison. Il suffit de prendre un foret de 5,2 ou 5,50mm (ce dernier mis à l'envers dans une perceuse, afin de polir à la laine d'acier quelques centièmes de mm), et d'effectuer une entaille, voire 2 d'une profondeur de 5 mm.
Sur les photos suivantes, 2 versions :
- Version paresseuse à 1 entaille (gainé de noir sur le bas)
- Version 1er ministre à 2 entailles enchassé dans un tourillon pour une meilleure prise en main (bien plus efficace)
Tarif du nettoyeur de logement d'amorce : ridicule
Durée de vie : increvable
Voilà à quoi doit ressembler un logement d'amorce avant et après nettoyage (après un passage à l'air comprimé) afin de bien dégager les évents
(eh oui, je recharge même du 1924, y'en a qui respectent rien !!!)
4eme point Chanfreiner le logement d'amorce
Les outils classiques :
Pas les plus efficaces. Il faut en effet faire attention à ne pas abimer le dôme de l'enclume. Le plus efficace d'après moi est une fraise à chanfreiner à 90°, sur laquelle la "pointe" à été reprise afin de ne pas toucher l'enclume (voir photo suivante).
Sur celle ci, on peut voir également un étui dont l'enclume a été touchée par les outils de chanfreinage classique destinés aux étuis boxer. Ci cela arrive on pourra cependant toujours rejeter la faute sur l'amorce de qualité inégale...
Note : le chanfein doit être assez prononcé afin de bien faciliter le centrage de l'amorce. Si l'amorce est défoncée ou pliée lors de la pose, c'est à cause du manque de chanfrein
5eme point La pose de l'amorce (je vous passe le reformage et la recoupe de l'étui, c'est cadeau)
Selon mon expérience (encore !!!) les amorces, indépendamment de leur origine doivent être posées avec un maximum de régularité, et comme les amorces d'origine, à savoir un enfoncement de 1 à 2/10eme de mm à l'intérieur du culot (et mon pas à fond comme ont pu l'écrire certains...) Ceux qui ont vraiment déjà désamorcés de la GP11, les vrais, les durs qui ont pris la peine de mesurer celles qui ont été sorties savent que même les amorces d'origine ne sont pas enfoncées à fond...
Plusieurs solutions existent pour cela. Ram Prime, butée de presse, il n'y a aucune excuse !!! Aucun rechargeur sérieux accepterait une longueur totale variant de 3/10eme de mm ou un écart dans la dose de poudre de 10%. Cela doit être pareil pour la pose des amorces !!!
6eme point La poudre
Plusieurs écoles dans le domaine. TLD, tir réduit, chacun y trouvera son compte. A noter que le tir réduit demande plus de minutie pour le dosage, notamment avec la A0. A noter : pas de bourre avec la A0 et utilisation de l'égraineuse. Cette poudre passé assez mal dans les doseuses, elle est cependant très efficace.
7eme point L'ogive et sa pose
Dans les rayures pour le tir réduit, à 2-3/10eme de mm voir plus pour pour les ogives blindées. Du grand classique qui devrait être connu par tous les rechargeurs. L'expérience et la connaissance de son propre fusil joue un rôle déterminant. Le moulage de la chambre au cerrosafe peut aider beaucoup, car même dans cette famille hors norme qui a pour point commun la régularité, il y a des variations.
Le fait de peser un lot d'ogives "pas cher" (même H&N !!!) par lot peut faire des miracles, encore plus si l'on dispose d'un gabarit de diamètre, quoi qu'en disent les disciples de speer, lapua et autres berger...
8eme point Notes générales avant le tir
Chaque fusil est un cas unique. Toutes les tables de rechargement (QUI RESTENT UNE BASE, TOUT AUTANT QUE LES NORMES CIP) peuvent être adaptées au cas PARTICULIER de votre fusil. ATTENTION CEPENDANT LORSQU'ON S'APPROCHE DES LIMITES, LE KABOUM RODE. SI DES VARIATIONS TROP IMPORTANTES PAR RAPPORT AUX NORMES DOIVENT ETRE OPEREES, LE PROBLEME VIENT SOUVENT D'AILLEURS
Les étuis d'un même lot devraient toujours être rechargés en même temps et avec les mêmes charges, cela évite les différences de rigidité de l'étui qui évoluent avec les rechargements. Pour ma part, je ne recharge au minimum que part lot de 100 en examinant chaque étui à la lumière (adaptée sur le poste de travail). Lorsque 2 collets ou épaulements sont fissurés dans un même lot, celui ci passe à la trappe.
9eme point Le moment de vérité
Dans un lot de 100, 10 munitions (prise aléatoire dans le lot) sont passées au chrono. A NOTER : Le même tir un autre jour peut donner une petite variation, dû aux différences d'humidité, de température, de vent... mais doivent rester dans une plage de variation réduite.
Conclusion (on y arrive!!!)
Il existe une multitude d'ogives, une multitude de poudre, une qualité d'étuis très égale dans la production des GP11, cela est un fait. Beaucoup de paramètres entrant en jeu lors d'un tir (et en premier, ce que l'on ne veux souvent pas pas voir, à savoir la qualité du rechargement et du tireur), cependant au niveau de TOUS les test que j'ai pu effectuer, je peux affirmer une seule chose avec certitude, c'est qu'il n'existe pas de différence de régularité dans les 2 seuls fabrications d'amorces existant à ce jour (Murom KV24N, sans doute 1er fabricant mondial d'amorces avec des exigeances d'Etat bien plus strictes que les USA (Vladimir surveille !!!
) et RWS / Ruag / Ammotech 5620 pour ne pas les citer). Tous les arguments visant à dénigrer l'un ou l'autre modèle sont totalement bidon, et sont une perte de temps pour la recherche de performance.
Il y'a des choses que j'ai réussi à faire dans ma vie, d'autres resteront sans doute du domaine du rêve. Parmi celles ci, il y'a le fait d'aller sur la lune, aller sur Mars et réussir à perforer une amorce russe de soi disante moindre qualité avec un rechargement adapté...
Résultats sur cible dans mes photos perso...
Bien rechargée et bien tirée, en n'étant pas bourré avec un canon bien et nettoyé la balle est centrée !!!
Tout est dit
achat de forets de 0,8 pour les events, sechage au four..
