Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT0120 05
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Historique:
Près de Saint-Jean-de-Maurienne, Gilles Payen a créé la nouvelle arme qui équipera les policiers d'élite du Raid assurant la sécurité des Jeux olympiques.
Et bientôt le Gign de Lyon qui l'a déjà essayé. Un fusil d'une précision à faire frémir.
"Nous avons fait une arme pour la bonne cause. Il ne s'agit pas d'un fusil pour tuer les gens, mais pour en sauver d'autres. Car les armes de police ou à usage militaire ne sont pas faites pour tuer, mais pour sauver.
C'est vrai qu'un engin comme ça entre les mains d'un fou, ça peut faire beaucoup de mal", affirme Gilles Payen, créateur de l'Ultima Ratio (Ultime Recours), un fusil révolutionnaire.
Cet artisan qui fabrique des armes dans la petite commune de La Chambre en Savoie, près de Saint-Jean-de-Maurienne, a en effet été retenu lors de l'appel d'offre du ministère de l'Intérieur, [en 1990].
Six armuriers français, suisses, autrichiens et anglais avaient répondu à l'époque pour remplacer l'ancien fusil autrichien dont sont actuellement équipés les policiers du Raid.
Une arme qui a la fâcheuse tendance à devenir moins précise lorsqu'elle chauffe ou lorsqu'elle refroidit trop.
Et c'est donc sur le critère de la qualité de la précision que le Savoyard de quarante-deux ans a été retenu par le ministère de l'Intérieur.
Gilles Payen présente une carabine de six kilos d'un calibre de 7,62 mm x 51 Otan, d'une balistique de six à sept cents mètres.
Une arme à répétition manuelle montée avec un canon, démontable en quelques secondes. équipé d'un refroidisseur, d'un frein de bouche pour limiter le recul, d'une lunette d'origine germanique et de pieds à frein pour la stabilité.
Si la crosse est en bois, ce matériau n'est pas porteur dans le fusil, qui est fixé uniquement sur du métal et donc soumis à aucune variation.
C'est la première arme de police que fabrique l'armurier, travaillant depuis 1977 à son compte, jusqu'à présent pour les particuliers faisant de la compétition.
C'est d'ailleurs en pratiquant le tir de compétition que Gilles Payen apprend, par un banquier reconverti dans la police, que les tireurs d'élite ont besoin d'un fusil plus performant.
Dès lors, Gilles Payen travaille à concevoir le prototype de I'Ultima Ratio.
Il faut deux ans à l'artisan pour tout mettre au point, alors "qu'un projet comme celui-là aboutit généralement en cinq ans dans l'industrie".
Après l'accord du ministère de l'Intérieur, il ira l'essayer avec "ses potes" du Raid et les gendarmes du Gign de Lyon, notamment, viendront faire des tentatives de manipulations à Chambéry, en la soumettant aux pires conditions possibles.
Rien à faire, l'Ultima Ratio est d'une précision à faire frémir les terroristes et éventuels preneurs d'otages.
D'ailleurs, la garde de la présidence de la République semble lorgner avec convoitise sur le dernier bijou qui va équiper les policiers du Raid pendant les Jeux olympiques de février [1992].
[En novembre 1991], Gilles Payen va fournir vingt Ultima Ratio à Paris. Quatre-vingt autres carabines devraient être montées dans les mois qui suivent.
L'Ultima Ratio sera ensuite vendu par des armuriers dans le public, aux conditions légales, au prix de 35.000 francs environ.
Cela gêne un peu Gilles Payen, qui avoue ne "pas chercher à vendre aux particuliers".
L'artisan savoyard a en projet de faire une version silencieuse de l'Ultima Ratio, sans qu'elle perde en précision, ainsi qu'un modèle compact.
Mais dans son atelier situé au rez-de-chaussée de son chalet, il cache actuellement un prototype qu'il n'a pas encore baptisé.
C'est l'Ultima Ratio en deux fois plus grand. Un engin de douze kilos pouvant tirer à deux kilomètres.
Elle pourrait servir pour les militaires dans le Golfe, pour désamorcer à distance les bombes sensibles à la chaleur humaine.
"De plus, si le budget de la la Défense se réduit, il pourra être intéressé par la grosse Ultima.
Ce fusil peut à lui seul détruire un missile. Alors si on fait le compte, c'est simple.
Je crois que le Ministère aura plus intérêt à utiliser une arme de trente mille francs et une cartouche de vingt francs qu'un autre missile de cinq millions de francs pour détruire le missile", explique le mécanicien reconverti dans les armes.
Pris dans le feu de l'action, l'armurier espère travailler de plus en plus pour les administrations françaises et étrangères au niveau de la CEE.
C'est pourquoi il compte s'étendre et créer une autre entreprise à quelques mètres de son habitation où il fera travailler des femmes "moins brutes que les hommes pour ce travail de finesse".
Source : "Le choix des armes" / Lucie Bourmaud in Lyon Figaro, 29 octobre 1991, p.40.
Prototype de la "grosse" Ultima.
Atelier de Gilles Payen
Atelier de Gilles Payen
Atelier de Gilles Payen.
Gilles Payen et le prototype de la "grosse" Ultima.
Gilles Payen et une série de fusils Ultima Ratio.
Gilles Payen et une série de fusils Ultima Ratio avec, dans les mains, le prototype de la "grosse" Ultima
Gilles Payen et une série de fusils Ultima Ratio avec, à l'extrême gauche, le prototype de la "grosse" Ultima
Série de fusils Ultima Ratio avec, à l'extrême gauche, le prototype de la "grosse" Ultima.
Gilles Payen dans son atelier.
